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La langue française dans le système éducatif congolais

La langue française dans le système éducatif congolais

La question de la maîtrise de la langue française dans le système éducatif congolais est complexe et soulève plusieurs interrogations. En effet, la langue française a été introduite en République Démocratique du Congo (RDC) pendant la période coloniale, et son usage a été imposé aux populations locales. Cette situation a eu des conséquences sur les centaines de langues parlées par les populations locales, qui ont vu leur prestige diminuer et leur pratique réduite au fil des décennies. Malgré les efforts déployés pour promouvoir l’enseignement du français, la maîtrise de cette langue reste un défi pour de nombreux Congolais. Ainsi, il n’est pas rare de trouver à Kinshasa des employés d’un hôtel ou d’un restaurant incapables de tenir une conversation de plus de cinq minutes en français avec leur client étranger. Leurs homologues de la Côte d’Ivoire, du Gabon ou du Sénégal ne souffrent pas de ces lacunes.

Au cours de la période coloniale, la langue française a été utilisée comme outil de domination et de contrôle des populations locales. Elle était la langue des colons et des administrateurs, et son apprentissage était considéré comme une condition nécessaire à l’ascension sociale. Les écoles ont été créées pour enseigner le français aux Congolais, mais les méthodes d’enseignement étaient souvent inadaptées à la réalité du pays. Les enseignants étaient eux-mêmes peu formés, et la plupart des élèves n’ont jamais atteint un niveau de maîtrise satisfaisant.

Après l’indépendance, le français est resté la langue officielle de l’administration et de l’éducation. Cependant, des efforts ont été faits pour promouvoir l’enseignement des langues locales, considérées comme des vecteurs d’identité culturelle. Ces efforts ne se sont pas étendus aux domaines scientifiques et littéraires. Les gouvernements successifs n’ont pas financé des travaux de traduction globale des savoirs tels que la chimie, les mathématiques ou l’économie en Lingala, Tshiluba, Kikongo ou Swahili. Tout congolais souhaitant acquérir le moindre savoir comme le calcul de la superficie d’un cercle, doit nécessairement passer par le français. Cette politique a conduit à une situation de diglossie, où le français est la langue de l’élite et des institutions, tandis que les langues congolaises sont utilisées dans la vie quotidienne. La majorité des Congolais comprennent le français mais ne le maîtrise pas réellement.

Aujourd’hui, la maîtrise du français reste un enjeu important pour le système éducatif congolais. Il n’est pas rare de trouver des enseignants du cycle primaire n’ayant qu’une maîtrise rudimentaire du français. Si un élève ou un étudiant vit dans un milieu où la pratique du français est minimale, il ou elle aura de grandes difficultés à intégrer certains secteurs du marché du travail à la fin de ses études. Il est toujours possible de mener une carrière en langue locale grâce au confort de l’entre-soi congolais, mais dès que vous passez les frontières du pays, toutes vos lacunes s’abattent sur vous comme une enclume sur un œuf. Il est important de reconnaître la richesse des langues congolaises et de promouvoir leur enseignement. Il est également important d’identifier et de reconnaître leurs limites.

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